2012 : les sites internet des candidats à l'élection présidentielle
14 avril 2012
Mathilde
Sur le blog d’UGAL on ne parle jamais de politique : ce n’est ni l’objet d’UGAL, ni ce qui intéresse nos clients. En revanche, on parle de sites internet et, à l’occasion de l’élection présidentielle 2012, nous avons décidé de regarder les sites des candidats. Le but n’est pas d’analyser le contenu ni les idées, mais de regarder comment les sites sont construits et quelles sont les technologies employées.
Le PR (Page Rank) de la page d'accueil de nos candidats
Rappelons que le PR est l'indicateur le plus connu pour estimer la popularité d'un site aux yeux de Google. C'est une note de 0 à 10 que Google attribue à chaque page internet en fonction de différents critères (il y en a plus de 200). Bien que la liste exacte des critères ainsi que la méthode de calcul (algorithme) ne soient pas publics, Google publie certaines informations. On sait ainsi que l'ancienneté du site internet et surtout le nombre de liens qui pointent vers la page notée sont très importants.
Le PR permet à Google de choisir le positionnement (Rank) de la page dans la liste des résultats de recherche. C'est donc un indicateur important si on vend des voitures mais pas trop si on est candidat à la présidentielle. Les sites de nos candidats n'ont pas de problème de référencement à proprement dit. Cependant, quelques éléments concernant le PR restent intéressants.
L'effet garanti de la splash page
La splash sage est une page qui surgit "avant la page d'accueil". Les personnes qui ont un site internet, qu'ils soient vendeur de bijoux ou candidat à la présidence de la République utilisent la splash page car ils veulent faire passer un message fort.
D'un point de vue ergonomique la splash page n'apporte rien au visiteur qui doit cliquer pour accéder au site, un peu comme si on devait passer un sas avant de pouvoir entrer dans un magasin.
La splash sage est donc une excellente méthode pour perdre un bon nombre de visiteurs avant même qu'ils ne soient entrés sur le site. C'est aussi excellent pour flinguer son PR. C'est le cas du site internet de Marine Le Pen où la splash page a un PR de 3 et la vraie page d'accueil un PR de 0. Or le contenu est accessible sur la page d'accueil et non pas sur la page splash qui ne contient en général qu'une image.
Le nom de domaine et l'ancienneté du site
Quand un démarre, on part à zéro, que l'on soit Nicolas Sarkozy ou un vendeur de petits pois. Ensuite la notoriété d'un site internet monte plus ou moins vite, selon les moyens de communication mis à disposition. Le site du candidat président a un PR à 0. Cela s'explique par le fait que le nom de domaine choisi pour la campagne, lafranceforte.fr, a été déposé le 19 janvier 2012.
A l'inverse, certains candidats n'ont pas déposé de nom de domaine spécifique et utilisent le nom de domaine de leur site internet historique pour héberger le site internet de la campagne présidentielle : francoishollande.fr déposé en mai 2007, bayrou.fr déposé en août 2004 et debout-la-republique.fr déposé en mai 2006. Ces trois sites ont un PR de 5. le site nathalie-arthaud.info déposé en août 2011 a quant à lui un PR de 4.
Même si cela permet d'avoir une page d'accueil bien notée, cette tactique n'est pas une bonne idée :
- les contenus des anciens sites ont dû être effacés pour faire place au nouveau. Or le contenu d'un site, c'est sa richesse. On pourrait comparer cet acte avec un commerçant qui vide complètement sa boutique pour ne mettre en avant qu'un seul produit.
- l'objet d'un site de campagne est éphémère. Or, a priori, les candidats existent au delà de la campagne présidentielle 2012. Que vont devenir ces sites à la fin des élections?
La bon choix au niveau du nom de domaine consiste à déposer un nom de domaine dédié, qui décrive l'objet du site. C'est le choix fait par les autres candidats : evajoly2012.fr, marinelepen2012.fr, cheminade2012.fr, placeaupeuple2012.fr et poutou2012.org. On notera la TLD (extension) excentrique (.org) du candidat du NPA. Sans conteste, le .fr s'impose pour un site présentant un candidat aux élections à la présidence de la France.
L'union fait la force : de l'importance des liens
Le site de campagne de Jean-Luc Mélenchon, bien qu'ayant un nom de domaine déposé assez tard (juillet 2011), a tout de même un PR de 5. Le candidat a gardé son site historique, comme son allié le Parti communiste. Or ces sites qui disposent d'un PR fort, font la promotion active du site officiel de campagne avec des liens. C'est peut-être ce qui explique entres autres que le site de campagne d'Eva Joly, bien que déposé assez tôt (en avril 2010) n'ait qu'un PR de 4 : Eva Joly n'a pas de site internet.
Technologies des sites internet de nos candidats
Lors de la dernière campagne, je me souviens que certains sites avaient été la risée des internautes. Aujourd'hui les candidats ne font plus d'erreurs grossières. Aucun site n'est en Flash, tous les sites sont encodés en UTF8 et utilisent la librairie Javascript Jquery. La mode du diaporama Javascript (qui a un peu remplacé les animations Flash en page d'accueil) s'est d'ailleurs bien répandue chez nos candidats. Quand ils sont disponibles, les moteurs de recherche sont positionnés en haut à droite.
Tous les sites sont basés sur des CMS : SPIP, Wordpress et Drupal principalement. Le site de François Hollande utilise le CMS SilverStripe que je ne connaissais pas, quant à celui de François Bayrou, il est basé sur des logiciels libres, sans que lesdits logiciels soient mentionnés. je vous invite d'ailleurs à visiter les pages "Crédits" et/ou "Mentions Légales" des sites internet, c'est toujours très instructif.
A noter que Nicolas Sarkozy et Eva Joly pratiquent toutefois le popup en page d'accueil. Chez Nicolas Sarkozy, il n'apparaît que lors de la première visite. Chez Eva Joly à chaque visite un message vous proposera de vous inscrire à la newsletter, que vous soyez déjà venu (ou même déjà inscrit) ou non.
Les dons en ligne
Une campagne présidentielle coûte cher, surtout si on n'atteint pas les 5% de suffrages au premier tour. Le site internet d'un candidat doit donc proposer aux internautes de soutenir financièrement la campagne. Là encore, tous les candidats ne sont pas logés à la même enseigne. Si tous font appel aux dons sur leur site, trois candidats (Marine Le Pen, Nathalie Artaud et Philippe Poutou) ne permettent pas aux internautes de donner en ligne depuis leur site. Les autres ont plus ou moins bien intégré la possibilité de donner en ligne avec sa carte bancaire, majoritairement via Paybox mais aussi via Cyberplus et Ogone.
La vitesse des sites internet des candidats à l'élection présidentielle
Un petit audit technique chez GTmetrics annonce la couleur (cf les PDF des audits dans les documents en bas de page). Globalement ce n'est vraiment pas terrible. Seuls trois sites obtiennent la note A, dont celui de Marine Le Pen dont la page analysée est la splash page (qui est pauvre en code donc légère à charger). Les deux autres A sont attribués à Nicolas Sarkozy et Nicolas Dupont-Aignan.
Les autres sites sont longs à charger, parfois vraiment trop longs. Cela s'explique par des erreurs de conception de base : taille des images non spécifiées, fichiers CSS et Javascript trop volumineux, etc.
Ce qui intéresse les internautes
Google Suggest est un outil fourni par Google qui, en fonction des premières lettres tapées par l'internaute, propose les mots clés les plus recherchés. Les résultats sont parfois assez surprenants (voir les copies d'écran dans les photos en bas de page). Quelques exemples:
- Eva Joly : "Eva Joly jeune" arrive en deuxième position devant "Eva Joly 2012".
- François Hollande : en troisième position "François Hollande juif"
- Jean-Luc Mélenchon : en cinquième position "Jean-Luc Mélenchon juif"
- Nicolas Sarkozy : on trouve en troisième position "Nicolas Sarkozy taille"
- Nathalie Arthaud : en cinquième position "Nathalie Artaud lesbienne"
Les leçons à tirer
- La première page (celle qui répond au nom de domaine) est la page la plus vue par les internautes et par Google. Cette page doit être une vraie page d'accueil.
- Prenez le temps de bien choisir votre nom de domaine : il doit refléter de manière intemporelle l'objet principal de votre site.
- Rien ne sert ne courir, il faut partir à temps. Entretenir et enrichir son site est un travail de long terme. Faire des liens est primordial pour améliorer sa visibilité.
- Le fait d'utiliser un logiciel libre pour créer son site internet ne garantit par la qualité du résultat. Si l'intégrateur fait mal son travail, les résultats en terme de performance peuvent être désastreux.
- Ce que vous proposez sur votre site n'est pas forcément ce qui est recherché en majorité.
Documents
- Analyse de la vitesse Eva Joly (pdf, 701 Ko)
- Analyse de la vitesse François Bayrou (pdf, 781 Ko)
- Analyse de la vitesse François Hollande (pdf, 729 Ko)
- Analyse de la vitesse Jacques Cheminade (pdf, 492 Ko)
- Analyse de la vitesse Jean-Luc Mélenchon (pdf, 703 Ko)
- Analyse de la vitesse Marine Lepen (pdf, 260 Ko)
- Analyse de la vitesse Nathalie Artaud (pdf, 392 Ko)
- Analyse de la vitesse Nicoals Sarkozy (pdf, 176 Ko)
- Analyse de la vitesse Nicolas Dupont-Aignan (pdf, 477 Ko)
- Analyse de la vitesse Philippe Poutou (pdf, 573 Ko)
J'aime bien cet article, c'est d'actualité, et le contenu de l'article me semble même plus intéresant que la campagne a proprement dit.
Article bien écrit, mais je n'en attendais pas moins de Mathilde, et comme d'habitude toujours bien documenté
merci à vous ;-)
Toujours aussi intéressant à lire. Si si, je ne fayote pas avec mathilde...